AU PARVIS DES VENTS
Il y a ces instants où les rêves se confondent avec la réalité. En ce matin d'hiver, ma raison flirtait avec le rationnel.
J'errais dans une version trop facilement exhaustive de l'expérience sensorielle, dépourvue des alcôves de ses complexités qui donnent tant de mélodies à toutes les interrogations de la vie. Ce monde était immaculé, pas un signe de vie, rien que la blancheur et le chant envoutant du blizzard. Oui, tout ce monde était bien trop simple et j'en perdais mon âme. Comment pouvais-je m'assurer d'être en vie, sans la rassurante morsure du vent dans mon visage.
Je ressentais comme une sensation pesante, celle du spleen, comparable à la rédemption d'artiste devant un parvis de fans ébahis.
Étais-ce finalement le paradis que je sondais : une prosaïque prison de blancheur...
Pour la première fois, j'angoissais, j'avais peur que le vent tombe, peur que l'absence de cette seule manifestation sensorielle ne soit le signe annonciateur d'un silence épique, j'étais effrayé à l'idée de ne plus rien ressentir. "Souffle le vent ! Porte-moi loin du charme de ce chaos trop candide !"
Je crois qu'il est bon parfois de ne pas être à la hauteur de tout ça...

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