LE GRAND DEHORS
Attendant les heures les plus sombres, il ne me restait plus qu'à contempler les étoiles à mesure qu'elles m'apparaissaient. Quelques heures après, cette nuit sans lune n'appartenait plus qu'à la profondeur abyssale du gigantisme. Et j'étais là, angoissé par le grondement des glaciers et ce vide à l'odeur de roche humide.
Aussi loin que mon esprit me le permettait, j'entamais un voyage dans l'infiniment grand. Je me demandais alors quelle était ma place dans tout ce gigantisme que je contemplais : Ridicule oui… insignifiante oui… mais à quel point ?
Par ces pensées, je faisais le plein d'émotions paradoxales, avec un frisson éprouvé pour tout ce qui me dépassait. L'espace portait décidément bien son nom, et ce noir d'encre était là pour me rappeler à quel point l'univers était vaste et vide et moi d'une taille insignifiante.
Face à moi, une galaxie dont je n'en voyais que la tranche, un monstre de cent mille années-lumière de large, au nombre d'étoiles incommensurable. "si on réduisait notre soleil à la taille d'un globule blanc, la voie lactée serait aussi grande que l'Europe tout entière". Cette galaxie elle-même entourée d'un vide sidéral toujours plus sidérant où l'immensité avait plus que le droit d'exister. À mesure que mon voyage se poursuivait, je comprenais que la géographie assourdissante de l'univers n'avait pas de limite, elle continuait bien au-delà de tout ce que l'esprit humain pouvait concevoir, des milliards et des milliards d'amas d'étoiles et du vide, toujours plus de vide…
Tout cela ravivait les peurs de l'enfant profond qui sommeillait en moi, et puis me vint à l'esprit une phrase entendue au travers d'une conversation : "beaucoup trop petit n'est pas un nombre ; et tout ce qui ne se compte pas, est ce qui se compte le plus, tracassons-nous pour l'essentiel"

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